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Historique

Saint-Bonaventure, d’hier à aujourd’hui...

Officiellement créée le premier janvier de l’année mil huit cent soixante-sept sur le territoire du canton d’Upton, la municipalité de Saint-Bonaventure est détachée de la municipalité de Saint-Guillaume. C’est ce que mentionne un ouvrage produit pour le 125e anniversaire de fondation, Saint-Bonaventure 1867-1992 (1), album auquel toute la population fut invitée à collaborer. Mais vouloir parler d’une municipalité au Canada français sans l’inscrire dans la perspective historique de ses origines judéo-chrétiennes serait faire preuve de « mauvaise foi ».  Le pacte social jusqu’au milieu des années 1960 repose en effet sur le principe suivant : «  La foi protège la langue et la langue protège la foi. »  La municipalité de Saint-Bonaventure n’y échappe pas : cette dernière aura un curé avant d’avoir un maire…
 
Situé géographiquement aux limites de la Seigneurie de Guire d’allégeance royaliste et de langue française, dans le canton britannique d’Upton cadastré en 1792, le village est officiellement désigné « Paroisse de Saint-Bonaventure » par un évêché catholique en 1856. Un curé vient s’y installer l’année suivante. La municipalité ne sera fondée que dix ans plus tard.  C’est sur cet entrecroisement culturel que des Canadiens et des Canadiennes majoritairement francophones vont faire naître, à force de volonté et de travail, un milieu de vie qui, bientôt, aura traversé un siècle et demi d’histoire.

Comme tant d’autres villages de par le monde, Saint Bonaventure s’est développé près de l’eau. La « Rivière-aux-Vaches », provenant de Saint-Majorique, traverse la municipalité et poursuit son cours en direction de Saint-Pie-de-Guire et de Saint-François-du-Lac. Cette rivière est véritablement responsable de l’essor de la première communauté de colons. Presque ruisseau à la fin de l’été, elle n’hésite pas, le printemps revenu, à se déverser dans les champs, et bien souvent, dans le village. Aux limites de la municipalité, au Nord, on retrouve ce vers quoi court la Rivière-aux-Vaches : la rivière Saint-François. À cet endroit précis se trouve le Bassin du Bas Saint-François, magnifique étendue d’eau large de plusieurs centaines de mètres entre deux flancs eux-mêmes hauts d’une trentaine de mètres.  À la belle saison, on y découvre un archipel de petits îlots.

À Saint-Bonaventure, dès le début de la colonisation, la seconde richesse naturelle à être exploitée, après la terre, sera la forêt. La coupe de bois alimentera pendant de nombreuses années deux scieries situées sur la Rivière-aux-Vaches de même qu’elle actionnera un moulin à farine. Puis viendra l’exploitation de la tourbe sur le « coteau de terre noire », riche terreau qui fera pousser plantes et jardins aux quatre coins de la planète. Cependant, cette nature qui regorge de ressources fait parfois montre d’un caractère à l’encontre duquel doit se forger celui des hommes. Par trois fois la tempête s’abattra sur la municipalité; la troisième fois, plus violente que les précédentes, elle tentera de tout emporter. Si les humbles et vieilles maisons de colons y résistent tant bien que mal, la tornade du 25 juillet 1975 aura malheureusement entraîné la perte de vies humaines et endeuillé, du coup, les habitants de Saint-Bonaventure et des environs. Après cette tragédie, la population tout entière, tant des rangs que du village, répondra à la colère destructrice et meurtrière des vents en rebâtissant maisons, granges et magasins, et ce avec la même détermination farouche que les anciens avaient démontrée lors de la fondation de la paroisse. De l’aide viendra de tous les horizons et, en l’espace de quelques années, tout aura été reconstruit : le village aura retrouvé une apparence prospère. Néanmoins, Saint-Bonaventure ne sera plus tout à fait le même. Les arbres emportés par le vent, l’absence de certains êtres chers marqueront à jamais les mémoires.

En plus de ses ressources naturelles, Saint-Bonaventure, à l’image de la majorité des municipalités rurales,  saura toujours compter sur plusieurs entrepreneurs locaux, ou parfois immigrants, afin de subvenir aux besoins de la communauté. Si certains arrivent de l’étranger et choisissent Saint-Bonaventure comme terre d’accueil, plusieurs résidents décideront un jour de quitter leur village natal. Comme plusieurs autres au Québec, la municipalité bonaventuraine a connu au fil du temps de nombreuses vagues d’émigration, qu’il s’agisse de « l’Exode Rural » du XIXe siècle qui poussa les fils et les filles du pays vers les États-Unis ou l’Ouest canadien, de l’urbanisation massive du XXe siècle qui entraîna le dépeuplement des campagnes au profit d’une migration des jeunes vers les grands centres urbains, ou, plus récemment, l’exode des aînés du début du XXIe  siècle qui entraînent les pères et les mères du pays vers les centres d’hébergement de la ville.  Oui, Saint-Bonaventure a connu par le passé de nombreux flux migratoires. Elle en connaîtra sans doute d’autres dans les années à venir, ce qui ne l’empêchera pas, somme toute, de maintenir une population active et dynamique considérable sur son sol.  

Cette population, jadis instruite par le biais des écoles de rang, puis par l’école du village, profite aujourd’hui d’un excellent réseau scolaire assurant aux générations montantes une éducation de qualité. De cette population riche tant au plan des connaissances que des habiletés émergeront des maîtres en agricultures, en menuiserie, en électricité, des professionnels dans les domaines médicaux et scientifiques, des athlètes de haut niveau, des gestionnaires hors pair, des personnes diplômées en lettres et en philosophie… En somme, c’est par la science de tous et chacun que Saint-Bonaventure rayonnera encore et encore. Située au cœur du Québec, entre l’autoroute 20 et la Route 132, la municipalité résiste aujourd’hui à l’urbanisation frénétique qui sévit dans certaines autres régions de la province. L’écrin vert d’une réserve du Ministère de la Faune, reprise d’Hydro-Québec à la suite de la nationalisation de la Southern Canada Power, protégera le caractère agricole et rural de Saint-Bonaventure. Si l’exploitation incontrôlée des gaz de schistes plane encore aujourd’hui comme une réelle menace, les Bonaventurains et Bonaventuraines de souche et d’adoption «veillent au grain».

À l’ère de la haute vitesse, il est facile de nos jours d’entrer en contact avec la municipalité. Un courriel, une ballade sur le site Internet, et le tour est joué. Toutefois, il existe également une autre bonne façon, des plus aventureuses celle-là, de se rendre dans le village champêtre de Saint-Bonaventure. Il s’agit simplement d’emprunter la piste cyclable qui longe la rivière Saint-François, en partant soit de Saint-François-du-Lac, soit de Saint-Majorique. Bien sûr, pour s’assurer de vivre une belle et « Bon(ne)aventure » à vélo, il faudra prévoir le matériel de dépannage nécessaire et surtout, accompagner les plus jeunes. Enfin, on pourra se restaurer dans les commerces du village avant de prendre le chemin du retour.

Voilà pour ce bref portrait historique de Saint-Bonaventure, paroisse et municipalité, milieu de vie épanouissant pour toute une population de braves gens. Des paragraphes s’y ajouteront nécessairement au fils du temps… À chaque année, le village accueillera de nouveaux résidents. Les naissances, le retour d’anciens citoyens ainsi que l’arrivée de nouvelles familles contribueront à la régénération d’une communauté toujours fière et productive, voire florissante.

Bienvenue chez nous!

Texte du Comité d’Histoire de Saint-Bonaventure
Avec la collaboration de madame Isabelle Proulx

(1)  Saint-Bonaventure 1867-1992
Publié aux Éditions Louis Bilodeau & Fils Ltée
ISBN 2-921211-59-9 et déposé à la Bibliothèque Nationale du Québec au 4ème trimestre 1991.